Category Archive:Culture

Chers Amis,

L’automomification… voilà un projet bien curieux, surtout quand il est envisagé pour soi-même.
Lors d’une récente visite à Jiuhuashan, ce mont sacré du bouddhisme qui se situe à 1h30 de la maison, un moine m’expliqua l’histoire de cette pratique singulière. Accompagné par l’un de ses confrères, il a la responsabilité de l’un des plus beau temple de ce lieu bien particulier qui abrita à l’époque Ming plus de 300 lieux de culte !Les candidats à l’automomification doivent suivre des règles drastiques durant les cinq dernières années de leur vie. Tout d’abord un régime alimentaire qui interdit les céréales. Puis quelque temps plus tard les légumes. Ils ne s’alimentent alors plus que d’eau. Une fois le décès constaté le corps est déposé dans une jarre étanche. Quelques années plus tard on l’exhume pour le faire sécher à la chaleur des bougies du temple. Il est recouvert ensuite de bandelettes et placé dans une chasse.

siesteUn lieu magique,
le Temple Tianqiao à Jiuhuashan – Août 2013

Cette pratique est marginale chez les bouddhistes. Pourtant à Jiuhuashan elle est très répandue. Le culte de Maitreya, le Bouddha du Futur, y est en effet très pratiqué. En « s’automomifiant » on préserve son corps de la détérioration naturelle dans l’attente de la venue de Maitreya. Ces momies font l’objet d’un culte fervent qui attirent des foules de pèlerins.

____________

A Chawu également l’avenir nous préoccupe. Après des années de tergiversations, nous nous sommes enfin décidés à concrétiser notre projet de deuxième maison.
La réflexion fut longue : fallait-il la faire dans un autre village ? racheter une maison voisine ? C’est finalement une toute autre option que nous avons choisie, la plus audacieuse peut-être, déménager une maison dans le jardin !

La principale difficulté fut philosophique. Dans notre conception occidentale une maison ne se déménage pas ! Mais dans la Chine en développement déménager une maison ancienne, peut signifier la sauver !

L’autre argument qui a fini de nous convaincre, est que les habitations locales sont faites pour être démontées ! Régulièrement les habitants procèdent au démembrement de leurs habitations pour restaurer les pièces endommagée et traiter les parties sensibles.

Notre dernière réalisation – Septembre 2013

Aucun mur n’est porteur, c’est la charpente qui soutient l’édifice. Les bois qui la composent sont emboîtés les uns dans les autres. Aucun clou n’étant utilisé, il suffit de les désentrelacer pour démonter une maison en quelques heures seulement.

Certain de ne commettre aucun sacrilège, heureux de pouvoir sauver une de ces habitations anciennes que nous aimons tant, nous nous sommes donc jetés à l’eau !
Et en quelques semaines seulement, alors que Chawu était en vacances, une petite maison a ressuscitée sous les châtaigniers. Tout naturellement, comme si elle avait toujours été là, elle a pris sa place dans le jardin.

Julien

Chers Amis,

Alors que la Chine est toute écrasée par la chaleur d’un été torride, que les climatiseurs marchent sans interruption dans les tours, que chacun reste terré chez soi fuyant le moindre rayon de soleil, à Chawu on profite !

Du thé que l’on a mis au frais le matin, d’une petite pêche à la crevette avec les enfants, d’une sieste bercée par la musique de la rivière, de la pastèque fraiche du goûter, de ce moment délicieux où on se délasse dans la piscine après la balade quotidienne.

Sans oublier le petit apéro rituel, seule et rare entorse à l’expérience d’immersion dans la Chine du Huizhou que nous proposons à nos visiteurs. Entorse qui ne nous a jamais été reprochée soit dit en passant…

Les Huangshan n’étant qu’à 1h30 de route, les plus volontaires peuvent les visiter à la journée et ainsi apprécier une baisse de 10C° de la température par rapport à la vallée. Un moyen agréable de prendre le frais face à des paysages à couper le souffle.

sieste

Le fils du voisin fait la sieste – Juin 2013

 

C’est en été que l’on comprend le mieux toute l’ingéniosité de l’architecture simple mais formidablement efficace imaginée par ces lettrés qui ont fondé notre village il y a 700 ans. Les briques posées à même la terre restent toujours fraîches sous le pied. Les multiples ouvertures favorisent la circulation de l’air dans les pièces. En contemplant le paysage par la fenêtre, on en oublierait presque les siècles qui nous séparent d’eux, et on se surprendrait à s’imaginer semblables à ces riches marchands qui ne souhaitaient que se consacrer aux lettres et à la méditation.

Petit torrent de fraicheur dans les Huangshan

Certains visiteurs ont réalisé le jour de leur départ qu’une grande partie d’eux-mêmes appartenait à ces montagnes, ces ruisseaux, ces rizières, ce village. Une belle surprise alors qu’ils pensaient cette Chine si lointaine et si étrangère.

La nature et l’histoire d’ici permettent à nos deux mondes de mieux se comprendre. « Votre maison m’a réconcilié avec la Chine » m’a dit un jour un visiteur épuisé par une expatriation douloureuse dans une usine de Shanghai.

Parfois il arrive qu’au moment du départ certains soient quelque peu submergés par l’émotion. Un cadeau merveilleux pour nous, la satisfaction d’avoir participé à la création d’un lien affectif avec ce que ce pays a de plus intime : son histoire, sa beauté, sa nature, son authenticité, ses traditions.

Julien